Il y a quelques semaines, j’avais publié sur Facebook et sur le forum du Cercle de Généalogie Juive un appel à l’aide pour avancer dans mes recherches généalogiques, qui étaient alors au point mort.
A ce moment-là, l’ancêtre le plus lointain que je connaissais était Samuel Raphaël.
En effet, j’avais découvert au fil de mes recherches que ma famille était originaire de Saverne (et non de Marmoutier !) et avait pris le nom de Weil en 1808.
C’était donc Samuel Raphaël, le père de famille, qui avait effectué l’ensemble de ces démarches pour lui et ses enfants.
Samuel le chantre
Concernant ce personnage, je dois dire que les recherches ont été plutôt faciles à effectuer. Il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver des informations de qualité à son sujet.
En tapant son nom dans Google, j’avais immédiatement été redirigée vers un article du site du Judaïsme d’Alsace-Lorraine, qui indiquait que mon ancêtre était devenu le premier ‘hazzan (chantre des Juifs) de Saverne, en 1784. Il exerçait également en parallèle la profession d’horloger.
De plus, j’avais retrouvé son acte de décès, grâce auquel j’avais appris qu’il était né à Westhoffen aux alentours de 1758, marié à Sara Dreyfus et mort à Saverne le 24 octobre 1813.
Cependant, lorsqu’il a fallu remonter d’un étage, les choses sont devenues beaucoup, beaucoup plus compliquées.
L’énigme des parents
Qu’en était-il des parents de Samuel Raphaël ? C’est la question que je me suis posée pendant de longues semaines, à deux doigts de m’arracher les cheveux !
Dans son acte de décès, Samuel apparaissant comme étant le fils de « feux » Raphaël et Anne. Cette information, qui peut sembler précieuse au premier abord, est également bien difficile à interpréter lorsque l’on dispose de si peu de documents pouvant la confirmer.
Les Juifs n’étaient pas considérés comme des citoyens avant la Révolution française. Il m’était alors impossible de mettre la main sur d’autres actes d’état-civil puisqu’ils n’existaient tout simplement pas !
Ainsi, malgré quelques indices glanés ça et là, je me suis retrouvée, pendant un très long moment… complètement bloquée.
Pourtant, il était bien trop tôt pour baisser les bras. Je sentais au fond de moi qu’il fallait que je fasse preuve de patience, que je finirais par trouver quelque chose.
La relance des recherches
En consultant l’arbre généalogique de Catherine, ma cousine éloignée, il y a un petit moment déjà, un détail m’avait tout de suite mis la puce à l’oreille. Dans cet arbre, il apparaissait que Samuel avait un frère. Sans détail, sans précisions, juste un nom : « Judas ».
Qui était ce frère mystérieux ? J’avais absolument besoin de le savoir, car j’avais eu l’intuition que c’était lui, s’il avait vraiment existé, qui allait nous aider à retrouver notre ancêtre.
C’est alors que Catherine et moi sommes entrées en contact. Je lui ai tout de suite posé la question, et nous avons commencé à enquêter ensemble, farfouillant, creusant, épluchant les registres, recoupant tous les indices.
De fil en aiguille (et surtout grâce au talent de Catherine), nous avons bel et bien réussi à confirmer que Samuel et Judas étaient frères. D’ailleurs, ils exerçaient tous les deux la même fonction de chantre. Nous semblions donc être sur la bonne voie.
Et puis, un beau jour, en ouvrant ma boîte mail, j’ai fini par recevoir le signe que j’avais tant attendu !
Le dénombrement de 1784
Bien que les Juifs n’aient pas été inscrits dans les registres d’état-civil avant la Révolution, il y avait eu, en 1784, un recensement ordonné par Louis XVI, nommé de la façon suivante : « Dénombrement général des Juifs qui sont tolérés en la province d’Alsace en exécution des Lettres-patentes de Sa Majesté, en forme de règlement du 10 juillet 1784 ». Oui, le titre en dit long.
Environ 20 000 Juifs avaient alors été dénombrés.
Il existe sur le site du Cercle de Généalogie Juive un outil très pratique permettant de retrouver un ancêtre à partir de son prénom, de son nom, de sa ville ou de sa famille (les familles étant numérotées lors de la déclaration).
Cela m’avait notamment permis de trouver la trace de Samuel Raphaël, recensé à Saverne, justement l’année où il venait de prendre ses fonctions de chantre.
Mais où était sa famille à ce moment-là ? C’est Catherine qui a trouvé la réponse ! Le petit-frère de Samuel, Judas, se trouvait en fait à Marmoutier, recensé sous le nom de Judele. C’est là que réside toute la complexité de la généalogie juive, avec des noms qui n’étaient pas fixes et pouvaient varier au gré des envies.
Or, Judele, qui avait à peu près 20 ans lors du recensement, ne figurait pas seul, mais avec… son père ! Qui était déclaré comme exerçant la profession de… chantre !
Nous savons donc, à présent, que notre ancêtre Samuel se trouvait à Saverne en 1784 et que son père était bel et bien vivant, à Marmoutier, peut-être en train de chanter lui aussi.
Cette découverte me donne l’envie de remettre ici une citation de Max Jacob que j’aime beaucoup « On ne chante juste que dans les branches de son arbre généalogique » !
A très bientôt !