Suspendu au mur de la cuisine, dans la maison de mon grand-père, se trouve un magnifique arbre généalogique qui n’a cessé de me fasciner depuis mes plus jeunes années.

C’est lorsque les adultes préparaient le repas, et que l’attente pour passer à table me paraissait interminable, que je le scrutais, enfant, avec le plus d’attention. J’y mettais toute ma concentration pour oublier mon estomac tiraillé par la faim. Une sorte d’auto-hypnose qui devait sûrement être à l’origine de mon intérêt futur pour la généalogie.

Et pour cause ! Tel un ancrage, cet arbre est devenu pour moi le symbole tout entier de ce que j’imagine lorsque je pense à mes ancêtres. Par ses couleurs et ses formes, sa douceur et sa force, ses branches et son feuillage, il me procure des sensations si particulières, que j’ai encore bien du mal à exprimer. « On ne chante juste que dans les branches de son arbre généalogique », disait Max Jacob. Peut-être cette citation résume-t-elle bien plus nettement ma pensée.

Alors, au moment où j’ai décidé d’écrire un livre, je me suis tout naturellement inspirée de ce tableau, non seulement pour démarrer mes recherches, mais aussi pour éveiller mon imagination. Car au-delà des informations historiques dont il regorge, il porte en lui quelque chose de bien plus essentiel : l’émotion.

L’envers du décor…

Il n’y a pas si longtemps, j’ai découvert que l’arbre généalogique de la cuisine avait un alter ego qui logeait dans le bureau de mon grand-père. J’ai interrogé ce dernier, qui m’a appris que c’était son père Léon-Louis (mon arrière-grand-père, donc) qui l’avait lui-même réalisé à l’aquarelle en 1967 !

En bon chef de famille, celui-ci avait eu à cœur de réaliser une telle œuvre, pour pouvoir répondre à toutes les interrogations quant aux origines de ses enfants. L’idée était donc de représenter la branche Weill d’une part, et la branche Kapferer, de son épouse, d’autre part.

C’est un travail qu’il avait commencé depuis de longues années, puisque les lois anti-juives, durant la Seconde Guerre Mondiale, l’avaient poussé à entreprendre des recherches afin de démontrer la nationalité française de ses ascendants et d’éviter une mise sous tutelle de l’entreprise familiale (manœuvre qui avait néanmoins échoué !). De ce travail, j’ai eu la chance de retrouver de nombreux croquis, que je vous laisse regarder ci-dessous.

Les yeux dans les yeux

Retournons à présent à l’arbre que je connais le mieux, celui de la cuisine. En mai 1995, mon grand-père a organisé une grande réception familiale. Il avait souhaité, à cette occasion, actualiser l’arbre réalisé par son père, la composition de la famille ayant bien évolué depuis les trente dernières années.

Après avoir récolté l’ensemble des informations, il s’est rendu chez un héraldiste (métier dont je dois dire que je n’ai pas souvent entendu parler !), avenue Mozart, pour demander une reproduction dans le style exact du premier arbre. Celui-ci a ensuite pu être imprimé, enroulé dans de grands tubes et distribué aux 200 convives.

Cette opération fastidieuse avait d’ailleurs coûté à mon grand-père une déchirure de la cornée, ayant par mégarde lâché l’une des affiches.

Quant à moi, même si je n’étais pas conviée à la fête, puisque j’allais naître dans quelques mois, j’ai tout de même réussi, 25 ans plus tard, à subtiliser l’un des tubes cachés au fond de la cave.

Cet arbre est un peu différent du premier, et c’est bel et bien celui que je préfère. Pas seulement parce qu’il me rappelle plus de souvenirs, mais aussi parce qu’il permet de saisir un peu plus clairement les liens entre les différentes générations, que j’aurai le plaisir, dans les prochains articles, de vous présenter plus en détail.

Et vous, lequel préférez-vous ?

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4 Comments

  1. Nathalie says:

    Difficile de répondre!
    Peut-être le deuxième plus touffu, plus protecteur et sur lequel je figure!
    Merci de faire remonter et revivre tous ces souvenirs

    1. Caroline Van Troeyen says:

      1995 cela me semble une éternité, l’arbre doit avoir de nombreuses nouvelles petites branches Tres joli texte Juliette

      1. Merci beaucoup Caroline ! Tu as raison, il faudrait l’actualiser une nouvelle fois !

  2. Stephanie Warne says:

    J’ai vu cette arbre das la maison de votre grand-pere en 2000. C’est magnifique!

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