2 avril 1944 : à la mémoire de Paul Weill

C’est un article très spécial que je rédige aujourd’hui, puisqu’il s’agit de l’anniversaire de la mort de Paul Weill, mon arrière-arrière-grand-père. Un événement que je ne peux passer sous silence tant sa portée sera grande au sein de mon roman.

Qui était Paul Weill ?

Né en 1874 à Blainville-sur-l’Eau, en Meurthe-et-Moselle, Paul Weill était le fils de Raphaël Weill, fondateur de l’entreprise textile Weill & Compagnie (à ne pas confondre avec la marque de prêt-à-porter Weill).

Devenu dirigeant de la société familiale en 1913, il a consacré sa vie entière à la faire prospérer en maintenant l’esprit familial et l’engagement social qui avaient été établis par son père.

Dévoué, généreux et profondément patriote, Paul Weill était ce que l’on a coutume d’appeler un patriarche.

Récit des événements tragiques

Dès les débuts de la Seconde Guerre Mondiale, ma famille a entamé un long exode, sillonnant la France pour pouvoir se mettre à l’abri.

En 1942, elle avait trouvé refuge en Dordogne, dans la partie est du département, jouxtant la Corrèze.

Cependant, à mesure que la traque des Juifs s’intensifiait, la famille fut obligée de se séparer.

Le 1er avril 1944, Paul Weill fut arrêté, avec son épouse Juliette, par les troupes allemandes de la division Brehmer, en présence de mon grand-père, qui avait alors 4 ans.

Le lendemain, alors que les Allemands prétendirent le libérer, ils le fusillèrent à Condat-sur-Vézère aux côtés de Sylvain Asch, abattu pour les mêmes raisons, parce qu’il était juif.

Un monument, érigé à la demande de mon arrière-grand-père, lui rend hommage ainsi qu’aux six autres hommes, Résistants ou Juifs, qui ont connu le même sort au même endroit.

Source : Le Républicain Lorrain

Un homme, un héros

Je n’entrerai pas plus dans les détails pour ne pas gâcher le récit du livre. Toutefois, je peux dire que cet événement, dont j’ai eu connaissance assez tardivement, m’a véritablement bouleversée.

Il est bien difficile de saisir le sens d’un tel drame. Mais j’ai senti, depuis ce moment, que mon ancêtre avait des choses à me dire.

C’est pour cette raison que j’ai choisi d’en faire le héros de mon roman.

A mes yeux, Paul Weill représente le personnage central de la famille, une charnière entre les générations passées et présentes.

C’est donc à travers sa vie que je raconterai l’histoire de la famille Weill.

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Chemin de mémoire

En faisant des recherches sur mon ancêtre, je me suis aperçue que son nom n’était pas présent au mémorial de Yad Vashem, qui recense les millions de Juifs victimes de la Shoah.

Alors, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, j’ai souhaité rectifier cet oubli en effectuant les démarches nécessaires.

La procédure est très simple. Il suffit de remplir une feuille de témoignage, en renseignant le plus d’informations possibles sur la victime.

J’ai finalement choisi de déposer le témoignage en ligne. Le nom de Paul Weill devrait donc figurer d’ici quelques jours à la Salle des Noms à Jérusalem.

« Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom. Je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais retranché. »

Isaïe 56:5

Ayons une petite pensée pour lui aujourd’hui.

Juliette